Les températures anormales

Alors que j’écris ces lignes, en avril 2024, il fait 21,2 °C soit +8,4 °C au-dessus de la normale journalière. Un phénomène qui se produit de plus en plus régulièrement, en France comme sur le reste du globe. La crise climatique est déjà là : les années 2015 à 2023 ont été les plus chaudes jamais enregistrées dans le monde et les catastrophes naturelles qui en découlent se multiplient.

En 2019, j’ai commencé à photographier l’une des conséquences majeures du changement climatique en France : l’augmentation de la fréquence des températures anormales. En 70 ans, on peut voir une modification du nombre et de l’intensité des phénomènes de températures anormales. Les conséquences - telles que les canicules, inondations, raréfaction de la neige… - sont, elles aussi, de plus en plus régulières et impactantes. Selon Météo France, la fréquence de ces événements devrait doubler d’ici à 2050.

Jusqu’à fin 2023, j’ai photographié les jours où la température était au moins supérieure ou inférieure à + ou -6 °C à la normale. Je me suis principalement intéressé à Paris, une des villes les plus directement impactées par le changement climatique en France. Je me suis également rendu à Agen affectée par la baisse du niveau de la Garonne ; dans les Alpes, dont les massifs sont devenus des refuges de fraîcheur ; dans les stations de ski sans neige du Vercors ; et enfin, dans la forêt de Fontainebleau, régulièrement victime des feux de forêt.

Ayant travaillé dix ans comme cartographe-géographe, j’associe la photographie plasticienne à la recherche scientifique. Pour exprimer les écarts de températures, j’ai créé une palette de couleurs allant du bleu (entre -6 °C et -16 °C) au rouge (entre +6 °C et +16 °C) que j’ai appliquée sur mes photos.

Mes images s’inscrivent dans une triple temporalité : passé, présent et futur. Le passé est évoqué à travers le choix de reprendre l’iconographie des premières cartes postales, clin d’œil à cette époque où la photographie servait à faire découvrir des territoires inconnus. Le présent est celui des scènes photographiées : celles d’un quotidien ordinaire, le vôtre, le mien, celui de tout Français qui subit un peu plus chaque jour, mais sans forcément s’en rendre compte, l’impact du réchauffement climatique. Enfin, pour signifier le futur et le danger à venir, les personnages sont invisibilisés, quasi transparents, comme si l’humanité n’était déjà plus qu’un souvenir.

Inscrit dans le temps long et révélateur de l’évolution climatique, ce projet est au carrefour des savoirs scientifiques et de la création artistique. Ces images témoignent, révèlent, alertent : le changement climatique n’est pas un scénario de science-fiction, mais une réalité qui affecte déjà notre quotidien. Elles rendent compte d’une “violence lente”, selon Estelle Sohier, curatrice et géographe à l’université de Genève, celle qui est invisible, mais déjà sensible.

Chapitre 1:

Entre +6°C à +7,25°C au dessus de la normale journalière.

Ah le 1 er arrondissement de Paris ! On y a passé du temps ici les parents!

Et dire qu’il y a tant de restaurants qu’on a pas pu tester. Mémé me manque.

Jean.

Le Covid, toujours lui. Va t’on arriver à s’en débarrasser ? Au JT on se demande si on ne va pas vers de nouvelle restriction.

Ma sœur,

Tu te rappelles quand on grimpé ces interminables marches pour aller au Fort Bastille ? Marrant ces gens qui dorment sur les bancs.

Jean.

Tient j’ai découvert une bel maison au JT aujourd’hui. La maison de Fallingwater. Incroyable cet architecture.

Bonjour Marie.

Ce linge, une maison perdue au milieu des montagnes. Cela ne te rappelle pas la Croatie et ce séjour pendant lequel nos corps ont fusionné ?

Jean.

Coucou ma sœur,

Tu te rappelles les trajets en bus du lycée. On passait toujours devant ce champ. Ils viennent de construire une station de pompage d’eau.

Jean.

Coucou les parents.

Ils sont marrants les gens à Paris. J’aimerais pouvoir me reposer comme ca, si naturellement.

Tout va bien pour moi, cette ville est magnifique, on croise des choses magnifiques un peu partout.

À bientôt.

Jean.

Chapitre 2:

Entre +7.25°C à +8,5°C au dessus de la normale journalière.

Papa,

La défense, c’est toujours spectaculaire. Je crois que j’adore son architecture. Un quartier d’affaires ca a toujours un charme sans pareil.

Jean.

Hello les amis,

Ca vous rappelle quoi ces gens assis sur la pelouse du Louvre, on en avait passé du temps à boire du vin et des bière ici plus jeune.

Jean.

Il fait beau, toujours beau. Avec ce temps-là, il n’y a rien de meilleur que cette ville. j’ai fait de belles photos avec smartphone.

Jean

Hello Anstasia

Tu te souviens le picnics ensemble quand tu visitais Paris.

Comment va L'viv, tu t’en sort ?

Jean

Bonjour Marie.

Les montagnes sont là où on peut se retrouver face à nous même. Tu te rappelles ces moments où l’on s’était perdu dans les montagnes enneigées ? Dans les Alpilles, il faisait beaucoup plus beau. Que c’est agréable de marcher sous un si beau soleil.

Je pense toujours à toi.

Jean.

Bonjour Marie

Curieux de voir des rubalises pour protéger l’accès à la Mare aux Biches ?

Jean.

Coucou ma soeur

La chaleur, le vide. C’est de ca dont on avait discuté quand on se promenait dans Grenoble quand il faisait chaud.

Je t’embrasse.

Salut,

Le Pont du Carrousel, tu te rappelles quand on passait devant en voiture devant pour aller en soirée .

Super souvenir dans tous les cas, vivement qu’on se fasse une boite un de ces quatre.

Jean.

Hello Alexandre,

Marrant cette image qui m’a rappelé ces moments où on allait au meeting aérien de la Ferté-Alais. Voilà à quoi ca ressemble en 2023.

Jean.

Coucou ma sœur,

Tu te rappelles quand on guettait les restaurants équipés d’une climatisation à Saint-Tropez.

C’est la même chose à Paris maintenant.

Jean.

Chapitre 3:

Entre +8.5°C à +9,75°C au dessus de la normale journalière.

Chapitre 4:

Entre +9.75°C à +11°C au dessus de la normale journalière.

Les parents.

C’est incroyable l’aisance que peuvent avoir les gens à Paris. Ca me rappelle la plage de Martin Parr.

Jean.

Chapitre 5:

Entre +11°C à +12.25°C au dessus de la normale journalière.

Coucou ma sœur,

Quand j’ai vu ces trottinettes j’ai tout de suite pensé à ton petit bout de chou et à sa mini trottinette.

Vivement qu’il grandisse pour qu’on puisse s’amuser sur le pumptrack.

Jean.

Chapitre 6:

Entre +12.25°C à +13.5°C au dessus de la normale journalière.

Marie,

Quand j’ai vu cette image, j’ai pensé à nous. Tu te rappelles ce temps où on marchait dans les Cévennes en se regardant dans les yeux ?

À bientôt, j’espère.

Jean.

Marie,

Ça me rappelle des choses ce bassin.

Une fête de la musique, des sons technos et une folie. On aurait dû s’y baigner dans le canal.

Jean.

Marie.

C’est dans les yeux des enfants que se cache la vérité.

Dommage qu’on n’ait pas eu l’occasion d’en avoir un ensemble.

Jean.

Chapitre 7:

Entre +13.5°C à +14.75°C au dessus de la normale journalière.

Chapitre 8:

Entre +14.75°C à +16°C au dessus de la normale journalière.

Chapitre 8:

Entre -6.75°C à -16°C au dessus de la normale journalière.

Hello Vincent.

Ce camion m’a fait penser à cette période où l’on bossait tout les deux à Véolia. Même si ca n’a pas été une bonnne expérience pro, je garde un bon souvenir de l’équipe.

Au plaisir de te revoir toi et les autres.

Jean.

Quand il pleut, c’est vraiment la déprime à Paris. J’ai bien aimé ce parapluie qui traduit bien ce que je pense quand il pleut. Ça me donne envie de partir au soleil. Tu te rappelles Madagascar ?

Jean.

Il fait beau, toujours beau. Avec ce temps-là, il n’y a rien de meilleur que cette ville. j’ai fait de belles photos avec smartphone.

Jean.

Hello Ambre et Léo,

Ca m’a rappelé quand on attendais le bus à Liège, on en profitait pour bronzer.

A bientôt pour de nouvelles aventures.

Olivier,

voilà à quoi servent les statuts de la pelouse du Louvre aujourd’hui.

Jean.